L’été a laissé sa place à l’automne plus rapidement, cette année. Le mois d’octobre est très froid et pluvieux. Marie sort de chez elle à la course pour prendre un taxi qui l’attend depuis quelques minutes. Il est déjà 8 h et le temps est si maussade qu’on se croirait pratiquement en pleine nuit. Elle fait une brève apparition au bureau et saute à nouveau dans le premier taxi qui passe pour se diriger vers un plateau de tournage.
Marie vit à 100 km/h. Elle est directrice artistique pour un important magazine de mode. Elle travaille sur plusieurs articles et collections à la fois. Un jour en shooting photos, le lendemain chez l’imprimeur, elle court d’un taxi à l’autre, et lorsqu’elle se fait conduire, pas de temps pour chômer. Elle ouvre son portable et visionne les plus récents clichés du photographe, les met en page. Quand elle n’est pas sur la route, elle reste tard le soir au bureau pour préparer ses maquettes afin de contenter une directrice générale des plus exigeantes. C’est un métier de fou, se dit-elle, mais combien stimulant.
La course folle dure depuis quatre ans. Et durant ces quatre années, Olivier ramasse les miettes que sa petite tornade laisse derrière, lors de ses courtes apparitions. Son tempérament s’accorde bien avec celui de Marie. Calme et serein, un peu rêveur, il est compositeur de bandes sonores pour des messages publicitaires et des courts métrages.
Olivier et Sam, un bon vieux golden retriever de sept ans, passent la plus grande partie de la journée à la maison. Une des pièces du condo a été convertie en petit studio de son. Contrairement à Marie, Olivier se plaît dans sa routine. Une petite marche le matin avec Sam, une petite marche le soir et une bonne nuit au chaud près de sa douce moitié comblent sa vie empreinte de simplicité.
Marie rentre du boulot comme à l’habitude vers 21 h, sort du taxi et ouvre son parapluie pour parer l’averse abondante qui s’abat depuis quelques heures. Olivier l’attend, un verre de rouge à la main. Le couvert est sur la table et, comme à l’habitude, il fait chauffer les plats pendant que Marie se change. Elle est à la veille de son 30e anniversaire. L’horloge de sa vie s’est mise en veilleuse la journée où elle a décroché son poste au magazine. Depuis, les années passent sans qu’elle y prête particulièrement attention. Pour l’instant, il y a des priorités bien plus urgentes que ses 30 ans. Son estomac crie au secours et Marie n’a de pensées que pour le plat que lui a préparé son chum.
Elle s’assoit en silence et dévore son assiette. C’est son premier repas de la journée. Olivier la regarde tendrement. Il regarde sa petite Marie, ce petit moteur infatigable, ingurgiter son repas, prenant à la hâte quelques gorgées de vin. Lorsqu’elle lève les yeux, il lui sourit, comme pour lui dire je t’aime… malgré tout. Trop affamée pour être réceptive, elle lui esquisse tendrement un sourire avant de plonger à nouveau dans son assiette.
Le téléphone sonne. Marie répond. La séance de photos de demain matin est déplacée à 19 h. Elle prend quelques secondes pour tout noter dans son agenda et en informe Olivier.
— Tu n’avais rien prévu, mon chéri ?, lance-t-elle en craignant une réponse réprobatrice.
Olivier ne répond pas. Il est déjà dans la cuisine, occupé à rincer les assiettes. Après avoir ouvert son portable et envoyé quelques courriels pour que sa journée soit bien organisée, Marie va rejoindre Olivier qui s’est déjà assoupi. Elle se glisse lentement sous les draps, lui demande de se tourner sur le côté, puis se colle en cuillère dans son dos en soupirant de bien-être. Sa peau chaude la réconforte. Chaque soir, l’histoire se répète avec quelques variantes. Olivier, c’est le port d’attache, le lieu où l’on vient faire le plein d’énergie, où l’on vient se reposer et se mettre à l’abri lors de tempête. La longue journée de Marie tire à sa fin, le calme la gagne peu à peu et elle s’endort.
6 h 30. Le réveille-matin sonne ! Marie se lève à la course, saute dans la douche, engloutit café et muffin, puis embrasse Olivier encore endormi. Sam a déjà pris sa place dans le lit et les deux ronflent lourdement. Le taxi vient à peine de s’arrêter que Marie dévale les escaliers.
Quelques coins de rue avant le bureau, elle ouvre son agenda. Le réveil est brutal… Prise dans son infernale routine, elle avait complètement oublié que le photographe avait remis la séance à ce soir.
— Merde !, lance-t-elle, contrariée.
Marie sort du taxi et se dirige tranquillement au bureau. C’est son anniversaire et elle l’avait presque relégué aux oubliettes. Tout à coup, la trentaine lui pèse aussi lourd que le temps gris et sombre des derniers jours. L’avant-midi se déroule au ralenti. Marie est songeuse, son chéri lui manque. Elle saute sur le téléphone, mais personne ne répond. C’est surprenant, lui qui mange dans son bureau avec ses instruments de musique, pense-t-elle. Le cafard l’envahit rapidement. Heureusement, les copines l’amènent manger pour le lunch, mais le cœur n’est pas à la fête. Le dîner s’étire, Marie regarde sa montre à plusieurs reprises. Arrivée au bureau, elle se précipite sur le téléphone pour prendre ses messages; il n’y en a aucun de son amoureux. Aucun souhait d’anniversaire de sa part. L’après-midi prend fin comme le reste de la journée et puis arrive le fameux shooting.
La séance de photos dure plus de trois heures. Lorsque Marie sort, la pluie s’est remise à tomber de plus belle. Elle se déverse comme des cheveux drus devant le studio. La rue est déserte, hormis pour un taxi qui erre en face. Le chauffeur lui fait signe en allumant le globe du toit à plusieurs reprises. Perplexe, elle hésite. Il fait noir, le studio de photos se trouve dans un vieux quartier de manufactures désaffectées reconverties en lofts pour artistes et autres petites entreprises du genre.
Le chauffeur de taxi insiste. Finalement, trempée jusqu’aux os, Marie décide de courir sous la pluie battante vers la voiture et s’y engouffre rapidement. Lorsqu’elle ouvre les yeux derrière ses cheveux mouillés, les deux mains chaudes d’Olivier se posent sur la peau froide de ses joues.
— Bon anniversaire, ma petite Marie, dit-il sur un ton enveloppant.
À ses mots, elle fond en larmes. Olivier la prend dans ses bras et demande au taxi de faire démarrer la voiture et de réchauffer l’intérieur. Puis, Olivier enlève le veston mouillé de Marie. Il regarde longuement sa petite tornade. Les yeux noircis par les larmes et la pluie, elle reste devant lui, impassible. Lentement, Olivier défait un à un les boutons de la blouse blanche de Marie, également détrempée. Il dévoile ainsi sa magnifique poitrine au travers du soutien-gorge en dentelle.
Olivier se penche et pose sa bouche chaude entre ses seins, puis il se déplace sur l’un de ceux-ci et le mordille délicatement, avant de lui retirer complètement sa blouse. Marie ferme les yeux et se laisse bercer par les soubresauts de la voiture qui roule sur la chaussée abîmée. Elle ouvre un oeil et fixe le chauffeur qui jette quelques regards indiscrets par le rétroviseur. Sentant son amante se crisper quelque peu, Olivier se lève doucement, file cent dollars au chauffeur et lui demande de les conduire n’importe où en ville… et, surtout, de regarder droit devant.
Dès lors, Marie n’offre guère plus de résistance. Bientôt, ses deux petits seins fermes apparaissent sous la lumière des lampadaires, crispés par la chair de poule et son excitation qui monte. Sa peau est blanche et froide. Les mains d’Olivier couvrent sa poitrine de doux baisers et réchauffent son corps transi. C’est au tour de la petite jupe écossaise d’aller valser de l’autre côté de la banquette arrière. Olivier saisit alors ses cuisses, les écarte et enfouit sa tête entre ses jambes dont un pied se pose juste derrière le cou du chauffeur qui ne sait plus où donner de la tête.
La bouche d’Olivier se précipite sur son sexe tout chaud. Il embrasse ses lèvres dodues au travers de sa culotte, qui laisse passer la saveur de son excitation. Tout en mordillant son clitoris, il fait rouler sa culotte vers le bas qui finit par rejoindre le reste des vêtements mouillés. Son corps est complètement nu. Sa peau claire illumine l’arrière du taxi. Olivier lui caresse l’intérieur des cuisses et replonge sa tête pour déguster le fruit qu’il avait entamé. Il écarte les grandes lèvres avec son nez et remonte jusqu’à ce que sa langue atteigne sa petite cerise gorgée de sang. À son contact, Marie, qui ne cesse de contenir ses plaintes par de petits grognements étouffés, laisse échapper un gémissement qui résonne dans l’habitacle de la voiture. Le chauffeur, complice des ébats de ses clients, monte le son de la radio pour leur donner un peu d’intimité. Olivier poursuit sa quête et fait habilement tourner sa langue autour du petit clitoris.
Le taxi, lui, continue sa balade à travers la ville, s’arrêtant fréquemment à de multiples feux rouges ici et là. Les amoureux s’adonnent au plaisir de la chair sans tenir compte des passants qui les regardent, l’air parfois hébété, parfois amusé, mais jamais indifférent.
Les mains d’Olivier parcourent sa poitrine avec douceur et légèreté pendant que sa bouche continue à savourer le sexe de Marie. Chaque fois que son plaisir la propulse vers un orgasme certain, Olivier délaisse son sexe et remonte l’embrasser. Elle se contorsionne et ondule ses hanches contre la grosse bosse qui veut jaillir hors du pantalon de son chéri.
Olivier redescend et poursuit une fois de plus sa dégustation avec plus d’intensité. La titillation du début a laissé place à plus d’ardeur et de passion. Le plaisir de Marie s’élève vers de nouveaux sommets. Ses gémissements et ses plaintes surpassent le son de la radio et résonnent dans le taxi. Elle cherche à s’agripper, saisit l’appui-tête du siège à sa droite pour mieux jouir et se cabrer en montant les hanches à chaque vague de plaisir. Olivier grimpe alors sur elle et l’embrasse avec passion. Marie délivre le pénis du pantalon d’Olivier qui pénètre aussitôt dans sa chatte mouillée d’impatience et de jouissance. Le contraste entre la peau froide et mouillée de Marie et la chaleur de sa grotte est sublime. Il entre et sort en grognant de plaisir dans le creux de l’oreille de sa petite chérie. Il empoigne ses fesses et la serre contre lui. Olivier voudrait se fondre à elle, faire partie de sa chair, la réchauffer.
La jouissance de Marie se prolonge sans s’amenuiser. Chaque coup de reins entre ses cuisses ajoute à son plaisir sans cesse renouvelé. Pour accentuer le délice de son homme, elle descend sa main et serre sa verge qui va et vient en elle en glissant dans tant de fluide. Olivier ne résiste guère longtemps grâce à l’adresse de Marie et jaillit en elle.
Les ébats prennent fin avec les derniers tressaillements des deux corps qui se calment peu à peu. Le chauffeur demande, un peu gêné : « Et maintenant… j’vais où ? »
— Coin de Bullion et Mont-Royal, répond Marie, la tête enfouie sous l’épaule de son chéri.
Comblée et émue, elle reste sous Olivier pour le reste du trajet. Ses fesses baignent dans un chaud coulis, amalgame de leurs plaisirs respectifs et de la pluie. Celui-ci abonde à mesure que la vigueur d’Olivier s’estompe. Arrivé à destination, il se retire, remonte son pantalon et aide Marie à s’habiller à la hâte. Elle remet sa blouse sans l’attacher, enfile sa jupe et se couvre de son veston avant de sortir du taxi. La pluie a cessé. Marie fait quelques pas, puis se retourne vers le chauffeur qui descend sa vitre. Marie lui sourit gentiment et lui donne un baiser sur la joue en lui déposant sa petite culotte dans la main. Abasourdi, le chauffeur reste coi, puis esquisse un sourire.
— Je m’appelle Joe, si un jour vous avez besoin de moi, M’dame.
6 h 30. Une fois de plus, le réveille-matin sonne. Marie s’étire le bras et lui tape dessus à l’aveuglette pour le faire taire. Elle pousse Sam en bas du lit avec son pied et se retourne contre Olivier, dépose sa main sur son sexe qui sort de sa torpeur. Son membre durcit rapidement sous les caresses tout en douceur de Marie. Puis, elle plonge la tête sous les draps pour réveiller sa douce moitié.
Marie arrive au bureau une heure plus tard, ce matin-là. Olivier prend sa douche plus longtemps qu’à l’habitude et découvre un petit mot sur un de ses claviers.
« J’aimerais avoir un bébé de toi. »
Il lève les yeux et fait le tour de son studio. Il arpente les murs et songe tout à coup au petit berceau qui pourrait prendre aisément la place des synthétiseurs ou encore à la table à langer qui remplacerait la console de son.
© Jean-François Guay 2008
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